Regards sur nos assiettes

Le jeudi 30 avril tous les élèves de seconde Bac Pro de l’ECA se rendront au cinéma de Novel. Ils verront le film « regards sur nos assiettes » : 6 étudiants de l’IER de Poisy ont enquêté et remonté la filière de nos aliments avec l’aide du réalisateur Pierre Beccu.

Pitch du film

Six étudiants enquêtent sur l’alimentation. De l’assiette au sol, les jeunes remontent la filière des aliments et montrent les conséquences de nos choix de consommateurs sur la santé, l’économie, le social, l’environnement, la qualité de vie ou les paysages. Avec humour et responsabilité, ils interrogent sans culpabiliser, et informent sans donner de leçons.

La démarche du film

Le point de départ est un atelier réalisé à partir de 2010 avec 6 étudiants en Géographie d’Annecy (Haute-Savoie, Rhône-Alpes), qui ont étudié les impacts de notre consommation alimentaire sur tous les aspects de la vie.
Nous avons apporté nos outils, notre savoir-faire, notre expérience. Nous avons construit avec les jeunes la possibilité d’exprimer quelque chose de profond, de sincère, de fort, en rapport avec le monde qui les entoure, raconté une histoire qu’ils sont les seuls à pouvoir raconter, de cette façon là au moins. De cette unicité est né leur légitimité, qui était fondamentale pour braver les difficultés et aller au bout. Le désir de film s’est transformé en énergie. Ils ont travaillé dur, non pas pour faire partie d’un projet, mais pour constituer et construire leur propre projet. Les jeunes ont été formés. Ils ont tourné et monté des séquences entières. Ils ont géré l’histoire jusqu’à l’écran. Un documentaire s’écrit jusqu’aux finitions. Ils ont vu et revu le montage et décidé des coupes à faire. Il est possible d’engager un processus de création avec les enfants et les jeunes qui aille bien au-delà de la simple éducation artistique, sans pour autant les amener à se considérer artistes ou cinéastes.
Selon la longueur du dispositif, la difficulté de la narration, les intérêts pour les aspects techniques, les jeunes sont réalisateurs ou non, mais ils sont toujours auteurs.

Pierre Beccu, cinéaste passeur

Auteur et réalisateur de deux long-métrages de fiction pour le cinéma, Pierre Beccu a également signé une trentaine de documentaires pour le grand écran et la télévision. Depuis 1997, il mène régulièrement des expériences d’ateliers avec les enfants et les jeunes, en les plaçant au coeur du dispositif de création d’un récit cinématographique. Pierre Beccu a étudié le cinéma à Paris III, puis en Italie, où il a fait partie de la première promotion du « Groupe BASSANO – Ipotesi Cinema », créé et dirigé par Ermanno OLMI, le réalisateur de « L’arbre aux sabots ». Il vit entre Paris et la Savoie, dont il est originaire. Il est également le Président fondateur de la Cinémathèque des Pays de Savoie.

Le documentaire est un outil pédagogique en soi.

Il n’est pas inutile de le rappeler aux jeunes générations, le cinéma est né et a grandi sous la forme documentaire. Des frères Lumière à Vertov, de Flaherty à Rossellini, de Wiseman à Pazienza, le documentaire a sans cesse renouvelé les formes et les récits à l’écran. Le réel est inépuisable et le cinéma aussi. Le point de vue, le champ et le hors champ, les rythmes, les unités narratives, la place du spectateur, toutes les questions posées par le documentaire valent pour la vie entière. Faire oeuvre documentaire avec les jeunes permet d’inventer des chemins  nouveaux. Avec ce film en particulier, on peut donner et prendre au réel, nourrir et se nourrir. La relation à l’alimentation autorise toutes les métaphores. La plus importante est celle du partage du plaisir.

Rappel du processus de création :

  • Se différencier des documentaires traitant de cette thématique
  • Construire le discours par les rencontres de terrain, et non pas derrière un bureau
  • Laisser la vie s’exprimer à l’écran avec ses propres rythmes
  • Le point de départ : pique nique et statistique
  • Questions : réponses ou pas.
  • Où sont les réponses les plus valides ?
  • Contenu des scènes : celui qui fabrique peut aussi parler
  • Progression narrative
  • Le sens donné

Le film est un exemple, un modèle, une source d’inspiration, de réappropriation de sa place dans le monde par la curiosité, la perception. Le travail sur le film, présent mais pas visible : rigueur, justesse, vérité. En art comme en science, la réussite est un alliage entre rigueur et inventivité. Il est possible de spécifier l’analyse du film pour tous les niveaux scolaires, à partir d’autres extraits.
En fonction des questions, on peut parler plus du langage des images ou plus de l’alimentation. Au final, les approches se rejoignent souvent.

  • Comment fabriquer le gourmand à l’image?
  • Comment est filmé l’animal ? Animal vivant ? La viande ?
  • Comment sont filmés les paysages ? Beaux ou pas ? Urbains ou champêtres ? Les deux ?
  • L’équilibre de la nature peut-il se retrouver dans les images ? Comment ?
  • Un légume doit-il être d’abord beau ou d’abord bon ?

Ce qui est en jeu ici, c’est l’expérience fondatrice du sentiment de compréhension.

Le parcours n’est pas didactique, mais expérimental.

Les jeunes ont appris par l’action, l’expression artistique est une expérience de compréhension du monde.