Dans un contexte où le marché de l’emploi devient de plus en plus compétitif, la journaliste britannique Sophie Wilkinson s’est lancée dans une expérience pour évaluer l’efficacité des lettres de motivation générées par l’intelligence artificielle. Son aventure, relatée dans le Times, offre un éclairage inédit sur cette pratique controversée qui suscite de nombreux débats dans le monde du recrutement.
L’hypocrisie des recruteurs face à l’IA
Sophie Wilkinson met en lumière un paradoxe : alors que certains recruteurs critiquent l’utilisation de l’IA par les candidats, ils emploient eux-mêmes des outils automatisés pour trier les CV. Elle souligne que cette course aux armements numériques est inévitable, car les employeurs utilisent des systèmes automatisés pour filtrer les candidatures selon des critères précis. Dans ce contexte, recourir à l’IA pour optimiser sa lettre de motivation devient presque une nécessité stratégique pour les candidats.
Les chiffres renforcent ce sentiment d’urgence : au premier semestre 2023, les offres d’emploi ont diminué de 17% par rapport à l’année précédente, tandis que les candidatures ont augmenté de 19%. Dans cette situation défavorable, l’IA apparaît comme un outil d’équilibrage plutôt qu’une tricherie.
Expérience concrète avec les lettres IA
Wilkinson a testé l’IA sur trois types de postes : commerciale, manageuse et créatrice de contenu. Pour chaque profil, elle a rédigé une lettre de motivation traditionnelle avant de solliciter ChatGPT pour personnaliser ces documents selon les offres visées. Les résultats étaient impressionnants par leur rapidité et pertinence, intégrant habilement les mots-clés recherchés.
Soucieuse d’authenticité, Wilkinson a retravaillé ces textes pour y ajouter sa touche personnelle. Cette approche hybride, combinant l’efficacité de l’IA et la sensibilité humaine, pourrait représenter un équilibre idéal dans cette nouvelle ère du recrutement.
Transformation du marché de l’emploi
L’expérience de Wilkinson s’inscrit dans un contexte de transformation du marché du travail, où le télétravail a élargi le périmètre de recrutement, rendant la compétition nationale, voire internationale. Elle s’interroge sur la nécessité de postuler seule alors que l’accès à l’emploi est devenu plus difficile.
Un phénomène inquiétant complique ce tableau : la multiplication des offres fantômes, ces postes affichés qui ne seront jamais pourvus. Face à ces pratiques et à la raréfaction des opportunités, les candidats cherchent naturellement à optimiser leurs chances par tous les moyens disponibles.
Bien que l’expérience de Wilkinson n’ait pas encore conduit à un entretien, elle reconnaît que cet échec relatif pourrait être dû à des facteurs personnels ou aux conditions du marché plutôt qu’à l’utilisation de l’IA. Cela rappelle que l’IA est un outil, non une solution miracle aux défis structurels de l’emploi contemporain.
En conclusion, l’avenir dira si l’utilisation de l’IA dans les candidatures deviendra la norme ou restera controversée. Cependant, il est clair que la frontière entre innovation légitime et avantage indu continue de se redessiner dans ce dialogue complexe entre technologies et traditions du recrutement.