La planification minutieuse de la succession de Liliane Bettencourt, icône du luxe français et longtemps la femme la plus riche du monde, démontre une stratégie patrimoniale mise en place bien avant son décès en 2017. Avec une fortune estimée à plus de 35 milliards d’euros, l’héritière de L’Oréal avait anticipé sa succession dès 1992, soit un quart de siècle avant sa disparition, garantissant ainsi la continuité de son empire tout en préservant les intérêts de sa famille.
La vision patrimoniale novatrice des Bettencourt
Dès 1992, Liliane Bettencourt avait soigneusement planifié la transmission de son patrimoine. Cette femme d’affaires éclairée avait réparti la nue-propriété de ses actions tout en conservant l’usufruit jusqu’à son décès. Cette répartition prévoyait deux tiers pour sa fille unique Françoise et un tiers pour ses petits-enfants, Jean-Victor et Nicolas.
La holding familiale Téthys, pilier de ce dispositif, continuait de gérer l’usufruit sous la présidence de Françoise Bettencourt Meyers et de son époux Jean-Pierre Meyers. Ce montage financier complexe incluait également la transmission du patrimoine immobilier, notamment son prestigieux hôtel particulier de Neuilly.
Selon Me Georges Kiejman, avocat de la milliardaire, le testament initial aurait été modifié près de dix fois entre sa rédaction et le décès de Liliane Bettencourt. Ces ajustements successifs témoignent d’une gestion proactive et attentive de son patrimoine.
L’empire L’Oréal: une saga familiale mouvementée
Le géant des cosmétiques voit le jour en 1909 lorsque Eugène Schueller, père de Liliane, fonde l’entreprise. À son décès en 1957, sa fille en hérite et transforme progressivement cette société en une multinationale incontournable du secteur. Aux côtés de son mari André Bettencourt, elle incarne une certaine vision du capitalisme français.
Les relations familiales se détériorent considérablement en 2007, lorsque Françoise Bettencourt Meyers découvre que sa mère a fait don d’environ un milliard d’euros au photographe François-Marie Banier. Ce conflit médiatisé mène à des procédures judiciaires longues et douloureuses, aboutissant à la condamnation de Banier pour abus de faiblesse.
La relation mère-fille ne se rétablit jamais complètement, comme en témoignent les déclarations de Liliane Bettencourt sur Europe 1 en 2010 : « Pour l’instant avec ma fille ce n’est pas du tout en paix. Mais attention, les couteaux ne sont pas tirés. Je vois et j’attends. »
La transmission du pouvoir au sein de la famille Bettencourt
L’héritage Bettencourt, aujourd’hui estimé à plus de 75 milliards d’euros, continue de prospérer sous la direction de Françoise Bettencourt Meyers. Voici les étapes clés de cette transmission :
- En 1997, Françoise rejoint le conseil d’administration de L’Oréal
- En 2020, elle devient vice-présidente du groupe
- En 2025, à 71 ans, elle passe le relais à son fils Jean-Victor (38 ans)
- Elle conserve cependant la présidence de Téthys Invest, principal actionnaire de L’Oréal
Cette transition marque un nouveau chapitre pour la dynastie Bettencourt-Meyers, tout en assurant une continuité dans la gouvernance familiale de l’empire cosmétique. Françoise Bettencourt Meyers détient actuellement 35% du capital de L’Oréal, consolidant ainsi sa position de femme la plus riche d’Europe.
| Année | Événement marquant | Impact sur la succession |
|---|---|---|
| 1992 | Rédaction du premier testament | Répartition initiale du patrimoine |
| 2007 | Révélation de l’affaire Banier | Tensions familiales et procédures judiciaires |
| 2017 | Décès de Liliane Bettencourt | Transmission effective de l’héritage |
| 2024 | Patrimoine familial dépasse les 100 milliards de dollars | Consécration financière de la stratégie successorale |
L’héritage Bettencourt: au-delà des données chiffrées
En 2024, Françoise Bettencourt Meyers devient la première femme à dépasser le seuil symbolique des 100 milliards de dollars de patrimoine. Cette réussite financière témoigne de l’efficacité de la stratégie successorale mise en place par sa mère.
La troisième génération prend désormais ses responsabilités au sein de l’entreprise familiale. Jean-Victor Meyers, petit-fils de Liliane Bettencourt, représente l’avenir de cette dynastie industrielle, tout en bénéficiant de l’expérience acquise par sa mère au cours de ses près de trois décennies de direction.
Malgré les tumultes familiaux et les scandales médiatiques, notamment ravivés par un documentaire Netflix en 2023, l’empire Bettencourt continue de croître et d’influencer l’économie mondiale. Cette réussite démontre comment une succession planifiée sur le long terme peut transcender les conflits personnels pour garantir la pérennité d’un patrimoine exceptionnel.